L'agence by Lorraine Fouchet

L'agence by Lorraine Fouchet

Auteur:Lorraine Fouchet [Fouchet, Lorraine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction
ISBN: 9782221119068
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2003-03-12T23:00:00+00:00


28.

— Buckingham ! Come, quick ! Bucky, au pied ! Dinner is ready ! Viens manger !

John s’époumonait en vain. La pâtée du golden retriever était prête, mais de chien, point.

— Il lui est sûrement arrivé quelque chose, dit John, préoccupé.

— On va le chercher, dit Sarah. Il a dû oublier de regarder sa montre.

Ils se séparèrent pour faire le tour de la maison et du jardin en criant le nom du chien. Mais au bout d’un moment ils se rendirent à l’évidence. Buckingham avait disparu.

John téléphona à Barnabé Fantoni, Pascal Castera et Patrick Lestrade. La solidarité n’était pas un vain mot dans ce Gers où tout le monde se connaissait et où les gens se voyaient naître, grandir et mourir. Pascal quitta aussitôt son atelier. Abandonnant ses légumes, Barnabé arriva avec Grincheux qui avait enfilé de grandes bottes d’égoutier pour draguer la mare d’à côté. Délaissant ses patients, Patrick vint avec Maxime qu’il avait rencontré en route.

Barnabé fronça les sourcils en découvrant le policier qu’il n’avait plus croisé depuis la fameuse leçon de tir. Et il se raidit en voyant le médecin qui n’avait pas sauvé Viviane.

— Ces deux-là sont dangereux, s’ils restent, je m’en vais, prévint-il.

John s’interposa, on avait besoin de lui. Il calma Barnabé qui accepta de rester à condition de faire équipe avec Grincheux, lequel regardait de travers Maxime.

La battue dura deux heures mais ne fut pas couronnée de succès. Quand la nuit tomba, Sarah proposa de boire un verre.

— Je ne bois qu’avec mes amis, dit Barnabé en considérant férocement Patrick et Maxime.

Patrick ne cilla pas. Maxime soutint son regard. L’agriculteur s’en fut, les épaules voûtées. Les autres se rassemblèrent dans le salon et échafaudèrent des hypothèses.

— Il a pu se fracturer la patte dans un piège ou tomber dans un trou et se faire un traumatisme crânien, suggéra le médecin.

— Ou se battre avec un renard qui lui aura crevé les yeux, dit Grincheux, lugubre.

— Sans compter les automobilistes qui roulent comme des dingues, ajouta le menuisier.

Plus John les écoutait, plus son estomac se nouait. Pour défaire le nœud, il se versa un verre de pur malt qu’il avala cul sec, ce qui le réchauffa jusqu’à la prochaine prédiction néfaste qu’il noya dans un autre verre, puis un autre, puis un autre.

— C’est sûr qu’un chien qui vient pas bouffer, oh ! boudu, c’est mauvais signe, dit Grincheux.

— Ta gueule ! s’énerva John qui avait vite assimilé les gros mots de la langue française.

Il sortit de la maison pour échapper à leurs sinistres prophéties. Il plongea machinalement les mains dans ses poches, sentit le métal froid des clés de son Range Rover.

Il adorait sa femme, son chien et son jardin. Il avait parfois le mal du pays, mais si le bonheur de Sarah passait par leur expatriation, c’était peu cher payé. Il s’installa au volant, ouvrit machinalement la portière de droite pour que Buckingham saute sur le siège voisin, ravala un sanglot et démarra.



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